Un Voyage au Cœur du Soufisme
Au seuil du Musée d’Art et de Culture Soufis (MACS MTO), le visiteur est invité à entamer un véritable pèlerinage intérieur. Chaque salle se déploie comme un espace sacré où les œuvres — manuscrits enluminés, calligraphies subtiles et objets rituels — dialoguent avec l’âme de l’observateur. « La véritable quête n’est pas de trouver un lieu saint, mais de révéler la sainteté qui vit en soi » rappelle le poète Jalâl al-Dîn Rûmî, dont les vers résonnent au fil du parcours. L’entrée inaugurale propose un tapis sonore de chants et de musiques soufies, guidant les pas vers une immersion sensorielle. La scénographie, pensée comme un cheminement initiatique, reflète la voie du derviche : étapes d’éveil, moments de méditation, instants d’extase. Ainsi, le musée se fait miroir de l’expérience soufie, offrant à chacun l’opportunité de laisser ses repères familiers pour mieux entendre la voix de l’invisible.
L’Histoire et la Vision du Musée
Le MACS MTO puise son inspiration dans la tradition millénaire du soufisme, tout en répondant aux enjeux contemporains de la transmission culturelle. Fondé par l’association Al-Jazâ’ir en partenariat avec la ville de Montréal, il naît du désir de promouvoir le dialogue interreligieux et la connaissance de cette branche mystique de l’islam. Selon la directrice, Leïla Benomar, « notre ambition est de créer un espace où se croisent histoire, art et spiritualité, afin de déconstruire les stéréotypes et d’ouvrir le cœur à l’altérité ». Les collections ont été constituées au fil de plusieurs années de recherches et de collaborations avec des bibliothèques, des monastères soufis et des collectionneurs privés du Maghreb, de Turquie et d’Asie centrale. Le musée retrace ainsi cinq siècles d’expression artistique et spirituelle, soulignant les interactions entre soufisme et autres courants philosophiques, chrétiens ou juifs, dans un esprit de coexistence et de respect mutuel.

Les Œuvres Inaugurales : Un Pont entre Tradition et Modernité
Parmi les pièces phares de l’exposition inaugurale figurent un manuscrit ottoman du XVIᵉ siècle agrémenté de motifs géométriques, des miniatures persanes illustrant les voyages spirituels de Hallâj, ainsi qu’une série d’installations contemporaines signées de jeunes artistes diasporiques. L’installation vidéo de Samir Kacem, par exemple, superpose des récitations coraniques à des images urbaines de Montréal, créant une poésie visuelle qui interpelle notre rapport au sacré dans la ville moderne. « Quand la lumière entre, même une fissure devient une porte » écrivait Ibn ‘Arabî ; cette phrase sert de leitmotiv à l’exposition, évoquant la capacité de l’art soufi à transcender les frontières du temps et de l’espace. Les visiteurs peuvent aussi admirer des calligraphies de l’artiste syrienne Nada Fouad, dont les traits épurés incarnent la quête de l’unité au-delà de la diversité des formes.
L’Architecture Spirituelle : Conception et Symbolisme
Le bâtiment du MACS MTO, signé par l’architecte Karim El Mansour, s’inspire des médinas andalouses et des coupoles persanes, tout en répondant aux normes d’accessibilité et de développement durable. La façade joue sur les jeux d’ombre et de lumière grâce à un moucharabieh contemporain en acier corten, symbolisant la frontière poreuse entre visible et invisible. À l’intérieur, le jardin intérieur, planté de rosiers et de jasmins, reproduit le concept de chahar bāgh, le jardin quadripartite persan, invitant à la contemplation. « La nature est le livre ouvert du divin », nous rappelle l’enseignant soufi contemporain Mustafa Khattâb ; cette idée se manifeste par un puits central et une petite fontaine, dont le murmure accompagne la visite. Chaque détail — de la forme des bancs aux matériaux utilisés — est pensé pour susciter le recueillement et rappeler la beauté du cosmos.
Les Ateliers et Animations Culturelles
Au-delà des salles d’exposition, le MACS MTO propose un riche programme d’ateliers hebdomadaires et d’animations dédiées à l’exploration des pratiques soufies. Initiations à la calligraphie arabe, sessions de dhikr (chants et invocations), découverte de la poésie mystique et conférences sur la philosophie soufie jalonnent le calendrier. L’atelier « Danse des derviches tourneurs » offre une initiation ludique à cette forme de méditation en mouvement, tandis que « Parfums du Maghreb » explore l’usage rituel des essences de rose et de musc. Selon Farah El Abbadi, médiatrice culturelle, « chaque atelier est une porte ouverte vers un état de plénitude intérieure, une invitation à réenchanter notre rapport au quotidien ». Les publics scolaires bénéficient également de parcours pédagogiques adaptés, favorisant la compréhension de la diversité religieuse et culturelle dès le plus jeune âge.
Témoignages et Réactions des Invités
La cérémonie d’inauguration a réuni érudits, artistes, dignitaires religieux et représentants institutionnels, tous unanimes pour saluer l’événement. Le grand mufti de Montréal, l’imam Ahmad Al-Amin, a souligné l’importance d’un tel espace pour la cohésion sociale : « Ce musée est un pont entre les cœurs, un lieu où l’on apprend à comprendre l’ami et l’autre ». La professeure d’études religieuses de l’Université de Québec à Montréal, Marie-Claude Tremblay, a salué la rigueur académique et la qualité patrimoniale des collections. Des visiteurs anonymes ont partagé leur émotion : « Je suis venu sans rien savoir du soufisme, je repars touché par la simplicité de sa sagesse ». Ces témoignages reflètent la portée universelle du soufisme et le pouvoir de l’art de transformer la perception.
Perspectives et Développements Futurs
Fort de son succès inaugural, le MACS MTO envisage d’élargir ses projets à l’international et de lancer des résidences d’artistes soufis. Une plateforme numérique est en cours de développement pour permettre l’accès virtuel aux collections et la participation à distance aux ateliers. Le musée travaillera également à la publication d’un catalogue scientifique bilingue, rassemblant analyses et contributions d’experts en patrimoine et spiritualité. « L’avenir du soufisme passe par l’ouverture et l’innovation » affirme Leïla Benomar, convaincue de la nécessité de faire dialoguer tradition et nouvelles technologies. À terme, le MACS MTO aspire à devenir un centre de recherche et de diffusion reconnue, où chercheurs, pratiquants et simples curieux pourront se rencontrer et enrichir la mémoire collective.
