Un film français désormais accessible aux cinéphiles américains
Après avoir séduit le public hexagonal en 2024, la comédie romantique « Jane Austen Wrecked My Life » fait ses premiers pas outre-Atlantique, avec une sortie événement prévue dans une sélection de salles américaines à partir du 12 juin 2025. Réalisé par l’Italo-Française Tina Bénard, le long métrage adapte le roman du même nom de la romancière Sophie Delorme, paru en 2022. Depuis sa première au Festival de Deauville en septembre dernier, le film a bénéficié d’un bouche-à-oreille enthousiaste et d’une critique positive : « Une comédie pétillante qui parvient à renouveler le genre rom-com en y injectant l’esprit espiègle de Jane Austen » confiait Jean-Marie Duthu dans Les Inrockuptibles.
Un scénario à cheval entre héritage austenien et modernité parisienne
L’intrigue suit Juliette Almod, jeune éditrice parisienne trentenaire en quête de sens. Après une rupture houleuse avec son petit ami de longue date, elle se réfugie dans la lecture effrénée de « Orgueil et Préjugés » de Jane Austen, fantasme qu’elle transpose à sa vie personnelle : elle imagine recroiser, à la sauce XXIᵉ siècle, un Darcy potentiel dans les rues de Saint-Germain-des-Prés. « Le film explore la façon dont un classique académique peut s’immiscer dans la réalité d’une Parisienne d’aujourd’hui, tout en jouant avec les clichés de la comédie romantique », expliquait la scénariste Élodie Martin lors d’une interview accordée à Télérama. L’humour naît de la collision entre les codes stricts de la société georgienne – logés dans les fantasmes austenien de l’héroïne – et la vie trépidante de la capitale : speed-dating, applications de rencontres et vernissages branchés côtoient bibliothèques anciennes, salons de thé rétro et quartiers littéraires de la rive gauche.

Un casting franco-américain qui joue la carte de la convivialité
Pour incarner Juliette, la production a misé sur la révélation franco-américaine Camille Lefèvre, 29 ans, dont c’est le premier grand rôle au cinéma. Élue « Meilleure actrice » au dernier Festival de Cabourg, elle présente « une interprétation vibrante, jouant sur la vulnérabilité et la répartie, digne d’une héroïne austenienne modernisée ». Son Darcy s’appelle Victor Morel, interprété par l’acteur anglais Tom Harrington, habitué des comédies British d’exportation. Harrington confie : « Je suis tombé amoureux du script dès la première lecture : Victor est à la fois mystérieux et terriblement maladroit au contact de Juliette. J’ai adoré jouer cette tension, ce mélange d’attirance et de quiproquo. » Le reste du casting regroupe des talents confirmés du cinéma français : Sabine Azéma dans le rôle d’Anne-Sophie, la meilleure amie de Juliette, et Vincent Elbaz interprétant le frère un brin cynique de la protagoniste. Quant à la mise en scène, Tina Bénard a voulu « réinventer la comédie romantique en préservant ce souffle littéraire qui traverse l’œuvre originale de Jane Austen », comme elle l’a expliqué à Allociné.
Un accueil enthousiaste en France et un pari pour le marché américain
En France, « Jane Austen Wrecked My Life » a attiré près de 300 000 spectateurs au cours de ses trois premières semaines d’exploitation, se classant régulièrement dans le top 15 des sorties françaises, devant plusieurs blockbusters internationaux. Les critiques ont salué la réalisation soignée et la bande-son signée par le compositeur français Benoît Charest, récipiendaire d’un César de la meilleure musique de film en 2002. La variété des décors parisiens – des bouquinistes du Quartier Latin à l’atelier d’artistes du Marais – a également été saluée pour son atmosphère immersive. Conscient des différences de goût entre les publics français et américain, le distributeur européen ArtHouse Films a pris le risque de proposer une version originale sous-titrée en anglais, sans doublage. « Nous voulions préserver la tonalité et les répliques, souvent drôles dans leur formulation originale en français », justifie Sophie Decaux, directrice des acquisitions d’ArtHouse Films.
Dates, salles et événements spéciaux pour la sortie américaine
Aux États-Unis, la sortie de « Jane Austen Wrecked My Life » débutera par une tournée dans dix métropoles clés, dont New York (Film Forum), Los Angeles (Laemmle’s Royal), Chicago (Music Box Theatre) et San Francisco (Castro Theatre). Les projections seront accompagnées de séances de questions-réponses en visioconférence avec la réalisatrice Tina Bénard et l’actrice Camille Lefèvre, permettant aux spectateurs d’interagir directement avec l’équipe créative. En outre, une avant-première spéciale aura lieu le 10 juin à l’Institut Français de New York, en présence de représentants de la société de production. ArtHouse Films a également prévu des partenariats avec des librairies indépendantes pour des « brunchs littéraires » où seront vendus des exemplaires du roman de Sophie Delorme, ainsi qu’une table ronde sur l’adaptation de la littérature au cinéma. « Nous voulons créer un véritable événement culturel, pas seulement une simple projection de film », indique John Willis, responsable de la programmation chez ArtHouse Films USA.
Une comédie romantique francophone pour séduire un public anglophone
L’arrivée d’un film rom-com en langue française sur le marché américain peut sembler audacieuse à l’heure où les productions hollywoodiennes dominent les écrans. Pour autant, plusieurs films étrangers ont déjà trouvé leur public, à l’instar de « The Intouchables » ou « Amélie » dans les années 2000. « Jane Austen Wrecked My Life » mise sur cet héritage, tout en apportant une fraîcheur contemporaine : dialogues truffés de jeux de mots en français, références littéraires subtiles et une pointe de nostalgie littéraire qui devraient ravir les amateurs d’adaptations stylisées. Les premières réactions du public américain, recueillies lors de projections tests, se sont montrées encourageantes : « J’ai ri aux éclats et j’ai eu la chair de poule à plusieurs moments », confie Clara Schultz, étudiante en littérature à l’Université de Chicago. Pour Tina Bénard, « le cœur de cette histoire est universel : le besoin de croire à l’amour, la difficulté de se (re)trouver après une rupture, et la magie d’une rencontre inattendue à Paris. Ces thèmes touchent autant un spectateur de Los Angeles que de Lyon. »
Perspectives et potentiel d’extension
Si le lancement américain se déroule sans encombre, « Jane Austen Wrecked My Life » pourrait voir ses droits de diffusion achetés par plusieurs plateformes de streaming – Netflix, Hulu et Amazon Prime Video étant déjà engagées dans des négociations. Une sortie en VOD est prévue à la rentrée, accompagnée d’interviews exclusives, de making-of et d’une édition spéciale du DVD/Blu-Ray incluant des bonus inédits (scènes coupées, commentaires audio de la réalisatrice et des acteurs). En fonction de l’accueil critique et commercial, la production envisage également un développement potentiel d’une suite ou d’un spin-off centré sur les personnages secondaires, comme la meilleure amie d’Anne-Sophie, désormais appréciée des spectateurs. Enfin, la popularité du film dans les festivals internationaux (Toronto, Tribeca, Sundance) sera suivie de près par ArtHouse Films pour renforcer la distribution dans d’autres pays anglophones – Royaume-Uni, Australie, Canada anglophone – et peut-être au Japon, où la comédie romantique française suscite de plus en plus d’intérêt. Ainsi, la trajectoire de « Jane Austen Wrecked My Life » aux États-Unis pourrait devenir le premier jalon d’une carrière internationale, démontrant qu’une rom-com francophone peut conquérir des cœurs bien au-delà des frontières nationales.
