Un aperçu de Cannes 2025
Le Festival de Cannes 2025 s’est ouvert sous un soleil radieux, accueillant plus de 50 000 professionnels et cinéphiles venus du monde entier pour célébrer la diversité cinématographique. Cette année, le directeur artistique Thierry Frémaux a souligné la vocation internationale de la sélection : « Cannes n’est pas seulement une vitrine du cinéma français, mais un carrefour où convergent les récits du monde entier », a-t-il déclaré lors de la conférence d’ouverture. Au programme, plus de 20 films en compétition officielle, provenant d’Asie, d’Afrique, d’Amérique latine et d’Europe de l’Est, et près de 200 titres projetés hors compétition dans les sections Un Certain Regard, Quinzaine des Réalisateurs et Semaine de la Critique. Cette multitude de voix culturelles témoigne de l’engagement du festival à refléter les tendances globales : les enjeux migratoires, les enjeux environnementaux et les questionnements identitaires traversent l’ensemble de la programmation. Le parvis du Palais des Festivals a ainsi vibré au rythme des langues et des traditions cinématographiques, confirmant que Cannes 2025 place l’international au cœur de son ADN.
Sélection internationale et films en compétition
La compétition officielle de Cannes 2025 réunit quinze films originaires de dix pays différents, dont plusieurs premières mondiales : le drame social Nigerais « Rivages d’Exil », le thriller psychologique japonais « Reflets Brisés », et le road-movie brésilien « Horizons d’Argile ». La diversité géographique est complétée par des réalisateurs confirmés, tels que le sud-coréen Lee Chang-dong, dont le nouveau film « La Traversée du Silence » explore la résilience post-pandémique, et l’Argentine Lucrecia Martel, présentée pour la première fois hors compétition avec « Tourbillon d’Eaux » : « Cannes offre une scène où chaque culture peut proposer son regard, et j’espère que mon film ouvrira un dialogue entre spectateurs du monde entier », confie Martel lors de la montée des marches. Plusieurs critiques internationaux ont salué cette édition : selon Variety, « Cannes 2025 repousse les frontières habituelles en donnant une place de choix aux cinématographies africaines et asiatiques ». Cette pluralité témoigne d’une volonté affichée : « Nous voulons briser les stéréotypes, montrer des histoires universelles sous des perspectives locales », affirme Frémaux, soulignant que l’enjeu est d’amplifier les voix encore peu entendues sur la scène mondiale.

Regards sur les talents émergents
La section Un Certain Regard et la Quinzaine des Réalisateurs constituent le vivier des talents de demain, accueillant 40 jeunes cinéastes pour cette édition. Parmi eux, la réalisatrice kenyane Aisha N’Dour avec son premier long métrage documentaire « Racines de Terra », qui suit une communauté Maasai confrontée aux dérèglements climatiques. « Je voulais montrer comment une culture peut s’adapter sans perdre son identité », explique N’Dour, dont la projection a suscité une standing ovation de la part de la critique. Côté fiction, le Bulgare Dimitar Vasilev présente « Entre Deux Mondes », un récit contemplatif sur l’exil, qui lui a valu le Prix Coup de Cœur de la Critique internationale. La plateforme Cannes Next a également mis en lumière des projets innovants, comme « Virtua Rêveries », un court métrage en réalité virtuelle réalisé par la Japonaise Yuko Hayashi, démontrant l’intérêt croissant pour les formes expérimentales : « Le cinéma n’est plus seulement sur un écran, il se vit à l’intérieur des émotions », déclare Hayashi. Cette attention portée aux jeunes cinéastes traduit la mission de Cannes : anticiper les évolutions du septième art et encourager la relève face aux défis contemporains.
Hommages et rétrospectives mondiales
Cannes 2025 rend également hommage à des figures majeures du cinéma international : le réalisateur iranien Abbas Kiarostami fait l’objet d’une rétrospective complète, mettant en lumière ses classiques restaurés, dont « Le Goût de la Cerise » et « Le Vent nous emportera ». Le programme, accompagné de tables rondes réunissant anciens collaborateurs, vise à souligner l’impact de Kiarostami sur les cinématographies non occidentales : « Son cinéma a montré qu’une image peut être porteuse d’une vérité politique et poétique à la fois », souligne la critique iranienne Maryam Malakpour lors du débat. De même, un hommage est rendu à la réalisatrice nigériane Ngozi Okonjo, dont la trilogie « Voix de l’Atlantique » a profondément influencé la Nouvelle Vague africaine : « Cette sélection rappelle que le cinéma africain se bâtit sur des écritures puissantes, loin des caricatures », observe Umberto Eco, critique invité à la projection. Enfin, la Cinémathèque mondiale propose une section spéciale pour les films d’Amérique latine restaurés, avec une collection de classiques mexicains et argentins : « Rétablir les œuvres patrimoniales, c’est offrir un dialogue entre générations », conclut Frémaux, dont la vision historique renforce le lien entre passé et présent des cinématographies internationales.
Panels, marchés et enjeux industriels
Au cœur de Cannes, le Marché du Film reste une plateforme vitale pour les professionnels, rassemblant plus de 12 000 participants cette année. Les stands de producteurs et distributeurs d’Asie du Sud-Est et d’Afrique subsaharienne ont connu une croissance notable : plusieurs accords de coproduction entre le Sénégal, l’Inde et le Canada ont été annoncés lors de la dernière journée : « Le partenariat s’est scellé autour d’une conviction partagée que des histoires locales méritent une distribution mondiale », explique Catherine Ruelle, productrice française spécialisée en Afrique. Parallèlement, les panels dédiés à la diversité des récits, tels que « Femmes réalisatrices d’Amérique latine » et « Cinéma autochtone du Pacifique », ont mis en avant les défis d’accès aux financements et la nécessité de fédérer des réseaux de diffusion alternatifs : « Le cinéma indépendant ne peut plus se concevoir hors des réalités numériques et des plateformes VOD », a affirmé le réalisateur australien Rémi Tulk. Le programme Cannes Docs, quant à lui, a ouvert des réflexions sur l’avenir du documentaire en période de post-vérité : « Comment maintenir la véracité face aux fake news ? », demande la documentariste brésilienne Marília Santos, évoquant la responsabilité éthique des créateurs. Ces discussions soulignent l’importance de Cannes en tant que baromètre des mutations de l’industrie mondiale, où se croisent enjeux économiques, technologiques et sociétaux.
Jurys et remises de prix multinationaux
Les jurys de Cannes 2025 incarnent la pluralité culturelle du festival : présidé par l’actrice sud-coréenne Song Hye-kyo, le jury de la compétition officielle comprend des cinéastes primés de six continents, dont l’Américain Steve McQueen, la réalisatrice chilienne Dominga Sotomayor, et le producteur sénégalais Moussa Touré. Song Hye-kyo a justifié son engagement : « Le cinéma transcende les langues et nous réunit autour de récits universels », déclarait-elle lors de la cérémonie d’ouverture. Les jurys thématiques (Un Certain Regard, Caméra d’Or, Cinéfondation) comptent également des voix asiatiques, arabes et européennes, assurant une appréciation diversifiée des œuvres : « Nous recherchons l’inédit, la sincérité des émotions, quelle que soit la forme de l’expression », indique Dominga Sotomayor. Par exemple, le Prix de la Caméra d’Or a été attribué au premier film indonésien « Marbres de Lune » pour sa mise en scène poétique et son regard contemporain sur la tradition. Dans son palmarès, la France remporte deux distinctions : le Prix du Jury pour le film égyptien « Nuit à Alexandrie » et la Palme d’Or pour le réalisateur russe Svetlana Petrova, honorant ainsi une perspective est-européenne atypique. Ces choix soulignent l’ambition de Cannes 2025 : célébrer l’excellence sans se limiter aux cinématographies dominantes.
Vie glamour sur la Croisette et événements culturels
Au-delà des projections, la Croisette vibre chaque soir au rythme des soirées câblées et des événements culturels. La plage privée emblématique a accueilli un hommage spécial aux musiques de film internationales, avec la projection en plein air de passages cultes de Morricone et Sascha Dmitriev, accompagnés d’un orchestre en direct : « Rien n’est plus magique qu’un chef-d’œuvre du cinéma sonorisé sous les étoiles de la Méditerranée », affirmait le compositeur italien Giovanni Alvaro, présent pour diriger la performance. Les vernissages d’expositions d’art contemporain, comme « Visions du Monde », ont permis aux festivaliers de découvrir des installations de réalité augmentée créées par des artistes africains et latino-américains, questionnant la représentation du réel à l’écran. Les engagements humanitaires n’étaient pas en reste ; une soirée de levée de fonds pour soutenir les réalisateurs exilés, organisée par la fondation « Cinéma sans Frontières », a rassemblé des personnalités du monde entier : « Soutenir les voix contraintes au silence est une responsabilité collective », a rappelé la productrice allemande Nina Müller. Des ateliers de masterclass animés par des légendes du cinéma international (Pedro Almodóvar, Mira Nair) ont par ailleurs offert aux jeunes talents une opportunité unique de conseil et de réseautage. Ces rendez-vous conjuguent l’élégance de Cannes à un engagement culturel et social fort, reflétant l’esprit convivial et solidaire du festival.
Tendances émergentes et impact mondial
Les discussions et projections de Cannes 2025 ont mis en lumière des tendances qui ne manqueront pas de marquer l’avenir du cinéma. L’essor des coproductions transcontinentales, notamment entre l’Amérique latine et l’Asie du Sud-Est, a été salué comme un moyen de diversifier les financements et de toucher des publics plus larges : « Lorsque des réalisateurs mexicains travaillent avec des studios indiens, naissent des films imprégnés de deux traditions distinctes », note la critique de film Mira Lakshmi. La question de la durabilité sur les tournages a été abordée pour la première fois lors d’un atelier dédié, où des techniciens écologiques ont partagé des solutions pour réduire l’empreinte carbone : tournages solaires, décors recyclables ; « Le futur du cinéma doit être respectueux de la planète », a insisté l’ingénieure française Élodie Martin. L’importance croissante des plateformes de streaming mondiales a également été soulignée : plusieurs géants américains et chinois ont signé des accords de distribution avec de jeunes réalisateurs africains, garantissant une diffusion immédiate sur plus de 150 pays. Enfin, Cannes 2025 a confirmé son rôle de tremplin : plusieurs films primés ont déjà trouvé des distributeurs dans des régions jusqu’alors inaccessibles, comme l’Amérique centrale ou l’Océanie. Cette circulation accrue des œuvres transforme peu à peu le paysage cinématographique mondial, faisant de Cannes un pivot incontournable pour tout projet ambitieux.
