Création de l’établissement public « Manufactures nationales – Sèvres & Mobilier national »

Une fusion historique au service du patrimoine

Le gouvernement français a officialisé en 2025 la création de l’établissement public « Manufactures nationales – Sèvres & Mobilier national », fruit de la fusion entre deux institutions patrimoniales majeures. Cette initiative vise à renforcer la coopération entre la Manufacture de Sèvres, spécialisée dans la porcelaine d’art, et le Mobilier national, chargé de la conservation, la création et la restauration du mobilier de l’État. En réunissant ces deux entités, l’État entend « mutualiser les savoir-faire d’excellence et promouvoir la création contemporaine à travers le prisme de la tradition », selon la ministre de la Culture. Cette restructuration inédite marque un tournant dans la manière de gérer les institutions culturelles, en mettant l’accent sur la synergie entre héritage, artisanat d’art et innovation.

Un pôle d’excellence dédié aux métiers d’art

Le nouvel établissement se positionne comme un centre d’excellence dédié à la préservation et à la transmission des métiers d’art français. Regroupant les artisans des manufactures de Sèvres, des Gobelins, de Beauvais et de la Savonnerie, il incarne la continuité d’une tradition multiséculaire tout en s’ouvrant à de nouveaux défis. Chaque année, des restaurateurs, ébénistes, liciers, porcelainiers et autres spécialistes œuvrent à la conservation du patrimoine mobilier de la République et à la création d’œuvres contemporaines. « Il ne s’agit pas seulement de sauvegarder, mais aussi d’inventer à partir de la tradition », explique Hervé Lemoine, directeur du Mobilier national. Cette fusion permet de renforcer la visibilité de ces métiers, souvent discrets mais essentiels à l’identité culturelle française.

Un levier pour la création contemporaine

L’un des objectifs centraux de cette fusion est de dynamiser la commande publique en matière de création contemporaine. Le Mobilier national, déjà engagé depuis plusieurs années dans cette démarche, s’associe à l’expertise de Sèvres pour intégrer les arts décoratifs à l’innovation artistique. Designers, plasticiens, architectes et artisans collaboreront ainsi dans un espace commun pour produire des œuvres originales destinées aux bâtiments de la République ou à des expositions internationales. « Nous voulons montrer que la tradition est un tremplin pour l’avant-garde, pas une prison », souligne la céramiste Agnès Debizet. En croisant les matériaux, les techniques et les univers, cette nouvelle entité entend faire dialoguer l’héritage classique avec les formes les plus audacieuses de l’art d’aujourd’hui.

Une gouvernance repensée pour plus de cohérence

La création de l’établissement public implique une refonte de la gouvernance, avec la mise en place d’une direction commune, d’un budget consolidé et de projets culturels partagés. Cette rationalisation permettra de gagner en efficacité administrative tout en favorisant une programmation cohérente sur l’ensemble des sites concernés. Les responsables espèrent également mutualiser les outils de recherche, les ressources pédagogiques et les actions à l’international. « Cette fusion est avant tout une promesse de clarté et de stratégie partagée », assure l’historienne d’art Béatrice Salmon. Elle devrait faciliter la coordination entre les différents ateliers, améliorer la gestion des collections et ouvrir la voie à des collaborations plus ambitieuses entre les institutions françaises et étrangères.

Un nouvel élan pour l’ouverture au public

En créant une entité plus lisible, les autorités culturelles souhaitent aussi renforcer le lien entre ces institutions patrimoniales et le grand public. Des expositions communes, des visites d’ateliers, des programmes éducatifs et des résidences d’artistes permettront de mieux faire connaître la richesse des savoir-faire conservés et renouvelés dans ces lieux. Sèvres et le Mobilier national partagent une vocation pédagogique forte, qu’ils entendent accentuer avec cette nouvelle dynamique. « Trop longtemps perçus comme des bastions fermés, ces établissements ont vocation à devenir des lieux vivants et accueillants », insiste le commissaire d’exposition Mathieu Buard. La création de cet établissement public incarne ainsi une volonté d’ouverture et de transmission intergénérationnelle, en phase avec les enjeux culturels contemporains.

Une ambition patrimoniale à l’échelle internationale

Ce projet de fusion n’est pas seulement un enjeu national : il s’inscrit aussi dans une stratégie de rayonnement international du savoir-faire français. Grâce à une gouvernance unifiée, l’établissement pourra intensifier ses partenariats avec des institutions culturelles étrangères, participer à des expositions à travers le monde et accueillir des résidences d’artistes internationaux. La France entend ainsi affirmer son leadership dans les métiers d’art et les arts décoratifs, en mettant en avant un modèle où tradition et innovation se conjuguent avec excellence. « Le monde admire nos artisans : à nous d’en faire un moteur culturel et diplomatique », résume un représentant du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères. L’établissement public « Manufactures nationales – Sèvres & Mobilier national » devient ainsi un ambassadeur de la création française sur la scène mondiale.

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